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Déminage humanitaire et enlèvement de résidus d’explosifs

Déminage humanitaire sur un sentier de haute montagne dans la province de Parwân en Afghanistan © HALO Trust
Les mines terrestres et résidus d’explosifs font chaque année de nombreuses victimes dans le monde et menacent des millions de personnes, en particulier des enfants. L’Allemagne s’engage activement pour une protection pratique et juridique et elle soutient des projets de déminage humanitaire.
Risquer sa vie en quittant la route

Malgré l’interdiction des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions adoptée par de nombreux pays, des mines terrestres ainsi que des engins explosifs improvisés sont toujours utilisés dans nombre de conflits, sans prendre en considération les conséquences humanitaires à long terme. L’utilisation d’armes à sous-munitions est de nouveau en hausse ces derniers temps, ce qui a des conséquences fatales pour la population civile, qui perdurent souvent encore de nombreuses années après la fin d’un conflit. La population souffre dans environ soixante pays à travers le monde des vestiges explosifs disséminés au cours d’anciens conflits ou de conflits armés qui se poursuivent actuellement.
Dans certaines régions particulièrement touchées, chaque pas en-dehors des secteurs sécurisés constitue un risque incalculable. La crainte des mines terrestres, des engins explosifs improvisés et des résidus d’explosifs altère durablement la vie de communautés entières. Il n’y a souvent que très peu d’informations fiables concernant la localisation exacte des zones à risque. Ce n’est malheureusement souvent que lorsque des accidents se produisent qu’émergent des indications en ce qui concerne les dangers qui se dissimulent sous la surface. Un quotidien sans risquer sa vie, l’exploitation des sols tout comme la reconstruction et le retour des personnes déplacées sont ainsi presque impossibles.
Un danger grandissant émanant des engins explosifs improvisés
Le danger résultant d’engins explosifs improvisés (EEI) a en outre très fortement augmenté ces dernières années. Les zones libérées de l’emprise de l’organisation « État islamique », que ce soit en Syrie ou en Iraq, ainsi que de larges territoires d’Afghanistan sont en particulier fortement pollués par des EEI. Dissimulés dans le frigo, sous le tapis ou les chaises, même dans les jouets pour enfants, ces EEI transforment des objets du quotidien apparemment inoffensifs en piège meurtrier.
L’utilisation ciblée de mines, d’armes à sous-munitions et d’engins explosifs improvisés dans des quartiers résidentiels, visant directement la population civile, constitue une stratégie particulièrement vicieuse. Cela engendre non seulement de nombreuses victimes civiles mais compromet également le travail des actrices et des acteurs de l’aide humanitaire, empêchant ainsi souvent l’assistance humanitaire d’arriver sur place. Le déminage et l’enlèvement d’engins explosifs improvisés ainsi que de résidus d’explosifs représentent donc une précondition essentielle à la mise en œuvre d’actions humanitaires.
Le droit international contre les mines terrestres et les armes à sous-munitions

La communauté internationale s’est fixé des règles de droit international afin de se rapprocher de l’objectif qui consiste à affranchir définitivement la planète de ces armes cruelles.
La Convention des Nations Unies sur certaines armes classiques (CCAC : Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination) est entrée en vigueur dès 1983. Elle vise notamment à limiter l’utilisation de mines, d’engins explosifs improvisés et d’autres dispositifs (comme stipulé dans le Protocole II tel qu’il a été modifié) ainsi qu’à réduire l’apparition de restes explosifs de guerre (Protocole V). La Convention d’Ottawa est en outre entrée en vigueur en 1999 et interdit explicitement les mines antipersonnel, réglemente leur destruction et contraint les États parties à déminer les zones minées existantes ainsi qu’à assister les victimes.
La Convention sur les armes à sous-munitions (Convention d’Oslo) est quant à elle entrée en vigueur en 2010 et réglemente l’interdiction des armes à sous-munitions. Elle comprend également des obligations de destruction et d’enlèvement.
L’engagement de l’Allemagne
L’Allemagne est État signataire de ces conventions et s’engage depuis longtemps en faveur d’une interdiction mondiale des mines antipersonnel ainsi que pour la mise en œuvre et l’application des conventions dans le monde entier. Le renoncement précoce de l’Allemagne à l’emploi de mines terrestres en 1996 a ainsi accéléré l’interdiction des mines antipersonnel à travers le monde. Les derniers stocks allemands d’armes à sous-munitions ont été détruits en novembre 2015.
L’Allemagne a par ailleurs présidé pendant un an de novembre 2022 à novembre 2023 la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel.
Afin de mieux protéger les personnes qui vivent dans des zones densément peuplées en cas de conflit, l’Allemagne est l’un des principaux pays à soutenir la déclaration EWIPA (Déclaration politique portant sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées). Le 18 novembre 2022, 83 États, dont l’Allemagne, ont adopté cette déclaration à Dublin.
Un soutien concret pour le déminage et l’enlèvement de résidus d’explosifs

Outre son engagement politique pour l’interdiction de ces armes frappant sans discrimination, le gouvernement fédéral promeut sur le plan financier depuis 1992 déjà des mesures de déminage humanitaire et d’enlèvement de résidus d’explosifs ainsi que d’assistance aux victimes. Grâce au déminage et à la sensibilisation aux risques, il participe à la survie des personnes concernées.
L’Allemagne offre en outre son aide aux États concernés afin qu’ils puissent répondre à leurs obligations issues du droit international, en particulier pour le déminage des zones contaminées en vertu de la Convention sur les mines antipersonnel (Convention d’Ottawa), de la Convention sur les armes à sous-munitions (Convention d’Oslo) et de la Convention des Nations Unies sur certaines armes classiques.
Le ministère fédéral des Affaires étrangères a déjà apporté son aide, en coopération avec des organisations et des gouvernements partenaires, à plus de 50 pays d’Afrique, d’Asie, du Proche et du Moyen-Orient, d’Europe et d’Amérique du Sud contaminés par des mines et des engins non explosés.
Les pays d’intervention prioritaire de l’Allemagne sont actuellement l’Afghanistan, la Bosnie-Herzégovine, le Cambodge, la Colombie, l’Éthiopie, l’Iraq, la Somalie, le Soudan du Sud, le Sri Lanka, l’Ukraine et le Zimbabwe. En 2023, le ministère fédéral des Affaires étrangères a apporté son soutien à des mesures de déminage humanitaire et d’enlèvement de résidus d’explosifs ainsi que d’assistance aux victimes dans onze pays et régions ainsi qu’à l’échelle internationale à hauteur d’environ 70 millions d’euros au total. Des projets ont en outre été mis en œuvre dans d’autres États dans le cadre des activités de stabilisation, de conseil et de soutien afin de promouvoir l’application des conventions. L’Allemagne est ainsi l’un des principaux donateurs dans ce domaine.
En Ukraine par exemple, la contamination par les mines et les restes explosifs de guerre a très fortement augmenté à cause de la guerre d’agression russe. Le ministère fédéral des Affaires étrangères soutient sur place des projets de déminage humanitaire et d’enlèvement de résidus d’explosifs, de sensibilisation ainsi que d’assistance aux victimes. Il a ainsi fourni une vingtaine de millions d’euros à cet effet en 2023.
Les partenaires dans le cadre du déminage humanitaire et de l’enlèvement de résidus d’explosifs sont des organisations non gouvernementales, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que les organismes onusiens, notamment le Service de la lutte antimines (UNMAS) qui joue à présent un rôle de coordinateur au sein des Nations Unies. Outre la promotion de projets bilatéraux pour le déminage, la sensibilisation aux risques et l’assistance aux victimes, le ministère fédéral des Affaires étrangères collabore également avec les acteurs internationaux concernés pour renforcer le travail de sensibilisation politique dans le domaine du déminage humanitaire et de l’enlèvement de résidus d’explosifs. Les principaux partenaires sont ici la Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL), la Coalition contre les armes à sous-munitions (CMC) ainsi que le Centre International de Déminage Humanitaire Genève (GICHD).
La Stratégie du ministère fédéral des Affaires étrangères pour le déminage humanitaire et l’enlèvement de résidus d’explosifs dans le cadre de l’aide humanitaire du gouvernement fédéral forme la base de l’engagement allemand.