Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères

Discours du ministre des Affaires étrangères Wadephul lors d’un briefing sur la Conférence mondiale sur les changements climatiques (COP) au ministère fédéral des Affaires étrangères

04.11.2025 - Discours

Nous voici de nouveau en automne. Un vent frais berlinois souffle dehors.

Le ministère fédéral des Affaires étrangères, le Consortium allemand pour le climat et la fondation Klimawirtschaft organisent un briefing sur la COP.

Est-ce donc pratique courante ? La même procédure que l’année dernière ? Non.

Car le nouveau gouvernement fédéral a entamé ses travaux il y a six mois, or cela implique également un changement d’équipe concernant notre engagement contre le dérèglement climatique.

Au lieu du ministère des Affaires étrangères, c’est désormais le ministère de l’Environnement qui prend la tête de l’équipe allemande chargée de la COP.

Mais cela ne marque pas pour autant la fin de notre engagement – l’engagement du ministère fédéral des Affaires étrangères et des collègues en poste dans les représentations à l’étranger – contre le changement climatique, ni la fin de la diplomatie climatique dans ce ministère.

En effet, le changement climatique est un problème mondial, une menace existentielle pour notre sécurité et les ressources naturelles nécessaires à notre existence.

Pour nombre de nos partenaires, le dérèglement climatique et ses effets constituent le défi existentiel par excellence : c’est ce qu’on a pu constater lors de nombreuses interventions dans l’hémicycle de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre à New York, et c’est aussi ce que j’ai pu moi-même constater directement lors de nombreux entretiens que j’ai eus dans ce cadre.

Le changement climatique est donc une menace qui exige de nous ce que la présidence brésilienne de la COP qualifie de « mutirão  » : une action collective.

Au sein de ce gouvernement fédéral, tout le monde sans exception s’engage à y prendre part.

Cela veut-il dire que rien ne va changer ?

Non.

Mais là où les partis démocratiques de notre pays ne sont pas d’accord, ce n’est pas sur l’objectif découlant de l’Accord de Paris et de notre engagement d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2045.

Ce désaccord porte plutôt sur la meilleure manière, la meilleure stratégie afin d’atteindre ce but en partant du statu quo actuel.

« Nous voulons atteindre la neutralité climatique tout en restant un pays industrialisé » : c’est ce qui figure dans l’accord de coalition.

Et je suis d’avis que la meilleure manière d’y parvenir est que nous misions notamment à nouveau davantage sur la compétitivité et les innovations technologiques plutôt que sur la seule régulation.

Parce que la transition énergétique – et la politique climatique de manière générale – ne peut réussir que si elle bénéficie du soutien de la population.

Très concrètement, cela signifie qu’elle ne peut réussir que si les coûts de l’énergie sont abordables et que des emplois et des chaînes de valeur résilientes sont créés.

Mais quel rôle joue désormais la politique climatique dans la politique étrangère de ce gouvernement ?

Pour moi, sa fonction est triple.

Premièrement, la diplomatie climatique répond à une menace concrète et quotidienne pesant sur notre sécurité, et par là même également sur notre liberté et notre prospérité.

Je ne suis pas le seul à le dire.

C’est aussi ce qu’a affirmé le président du Service fédéral de renseignements qui, en février, avait qualifié le dérèglement climatique de l’une des cinq plus grandes menaces extérieures pour l’Allemagne.

Nous voyons combien dans de nombreuses régions du monde, les phénomènes météorologiques extrêmes exacerbent les conflits liés aux ressources et accentuent les flux de migrants et de réfugiés.

Nous voyons des sécheresses qui ont autant d’influence sur le niveau des eaux du Rhin que sur celui du canal de Panama, et qui remettent donc en question la fiabilité des routes commerciales, sur lesquelles repose également notre prospérité.

C’est la raison pour laquelle les outils de notre diplomatie climatique nous protègent nous-mêmes.

En effet, quand nous combinons fonds privés et publics à travers l’initiative « Investing for Peace » afin de stabiliser des États fragiles ; quand nos partenariats nous permettent de réduire les émissions, et ce même au-delà de la frontière allemande ; ou quand nous investissons dans des mesures d’adaptation au changement climatique et de prévention des conflits dans la région située au carrefour du Kenya, de l’Éthiopie et de la Somalie avec les fonds de l’Initiative internationale pour le climat : il est clair que la prévention coûte toujours moins cher que la gestion des conséquences – c’est un principe directeur.

À travers notre engagement pour notre climat et notre transition énergétique, nous répondons à une menace sécuritaire.

Et inversement : une bonne politique en matière de climat et une transition énergétique axée sur la faisabilité opérationnelle améliorent notre résilience.

La guerre d’agression russe en Ukraine a mis en évidence que les énergies renouvelables et la diversification de nos chaînes d’approvisionnement renforçaient notre sécurité et notre souveraineté.

Un système énergétique décentralisé, qui combine différents modes de production d’énergie de manière flexible, s’avère plus résilient qu’un système où des millions de foyers dépendent d’une seule centrale électrique à combustion fossile.

Il suffit de demander à nos amis ukrainiens.

C’est aussi pour cela qu’à l’échelon mondial, nous nous engageons à travers notre diplomatie énergétique pour la transition énergétique et pour diversifier nos importations d’énergie ainsi que nos chaînes d’approvisionnement en matières premières.

Le ministre canadien de la Défense David McGuinty a récemment formulé, lors d’une conférence de l’OTAN à Montréal :  »Investir [dans nos écosystèmes], c’est la préparation stratégique. C’est la défense nationale. C’est la sécurité naturelle.« 

Je ne peux que partager cette analyse.

Mais la diplomatie climatique n’est pas seulement une composante essentielle de notre politique de sécurité.

Elle permet également – et j’en arrive à mon deuxième point – d’ouvrir la porte à des partenariats stratégiques nouveaux et plus solides dont nous avons besoin.

Le fait que des pans de terre disparaissent dans la mer à cause du changement climatique est un scénario réaliste pour nombre d’États.

Je pense bien évidemment aux petits États insulaires du Pacifique, mais pas seulement.

L’Indonésie, un pays composé de 17 000 îles et un centre du pouvoir dans l’espace indopacifique, a fait du changement climatique l’un des principaux thèmes de sa présidence du G20 en 2022.

Ce que je veux dire par là, c’est que le dérèglement climatique constitue d’ores et déjà une question existentielle urgente pour nombre de nos partenaires essentiels.

Dans un monde où nous sommes à l’affût de nouveaux partenaires, où nous devons défendre nos positions géopolitiques et où nous voulons diversifier nos relations commerciales, ce serait tout simplement un désavantage stratégique pour notre diplomatie que de ne rien avoir à offrir par rapport à la problématique du climat.

Le fait que nous ayons présidé le Groupe des amis de l’ONU « Climat et sécurité » avec la République de Nauru, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, a envoyé un signal fort.

Nous aidons des petits États insulaires, comme les Tuvalu, à numériser leur patrimoine culturel.

Nous sommes présents sur le terrain, en tant qu’interlocuteurs, avec nos représentations qui se focalisent sur des questions liées au climat.

Ces exemples font non seulement partie de notre engagement juste et essentiel contre le changement climatique à travers le monde, mais il s’agit également d’une diplomatie intelligente et stratégique.

Enfin, et c’est mon dernier point, notre diplomatie climatique sert également à promouvoir les échanges extérieurs.

Si, en tant que communauté internationale, nous voulons nous attaquer à la menace du dérèglement climatique, alors il nous faudra certes des systèmes énergétiques renouvelables.

Mais aussi une économie circulaire. Des systèmes d’eau. Une sylviculture et une agriculture durables.

Et lorsque je dis lors de mes déplacements « Il y a quelque chose que nous, en Allemagne, nous pouvons vous offrir dans ce domaine ! », alors cela constitue à mes yeux le meilleur usage du « Made in Germany » qu’il puisse y avoir.

Trois entreprises allemandes sont des leaders mondiaux, notamment en matière d’électrolyse : thyssenkrupp nucera, Siemens Energy et Sunfire.

Les technologies propres représentent d’ores et déjà 8 % du volume des exportations allemandes. Et c’est un marché gigantesque qui est en pleine expansion.

À travers le monde, notre pays est associé à un niveau de qualité très élevé dans le domaine des voitures, du génie mécanique et de la chimie. Lorsque d’ici quelques années, les adjectifs « propre » et « renouvelable » seront associés à notre pays de manière encore plus évidente, alors l’Allemagne s’en verra renforcée, mais pas seulement.

Nous aurons en effet aussi contribué à une mission dont l’ensemble de l’humanité doit se saisir.

Apporter ma modeste contribution à la promotion de l’économie, tel est l’objectif que je me suis personnellement fixé, et c’est ce que j’exhorte mon ministère à faire depuis le premier jour de mon mandat de ministre.

Mesdames, Messieurs,

Un nouveau gouvernement, une nouvelle équipe et, à certains égards, une nouvelle stratégie.

Mais surtout : un style nouveau et un pragmatisme orienté vers les objectifs.

Voilà ce qui caractérise la politique climatique de notre gouvernement, ce qui caractérise notre diplomatie climatique.

Je me réjouis de vous avoir à nos côtés, vous, les expertes et experts de notre pays, ainsi que nos partenaires internationaux, afin de chercher la meilleure stratégie possible – avec ouverture d’esprit, des critiques constructives et un engagement total.

Un engagement total pour l’action collective. Dans le cadre du « mutirão  ».

Je vous remercie.

Retour en haut de page