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Discours prononcé par le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul lors d’un débat au Bundestag allemand sur la situation au Proche et Moyen-Orient
Depuis qu’Israël existe, son existence est menacée.
Nombreux sont ses voisins qui remettent aujourd’hui encore en question le droit d’exister de cet État, l’Iran étant celui qui agit de la manière la plus brutale, la plus intolérable.
Il faut bien s’en rendre compte quand on discute aujourd’hui du conflit qui oppose l’Iran et Israël, des raisons qui ont amené Israël à diriger une attaque militaire contre des installations nucléaires iraniennes, de ce que cela veut dire concrètement lorsque nous réaffirmons, à juste titre, que la sécurité d’Israël relève de la raison d’État de l’Allemagne.
Le régime iranien ne s’en cache nullement : il veut rayer l’État d’Israël de la carte – l’Iran, un pays presque voisin d’Israël, une grande puissance militaire au Proche-Orient dotée d’un programme de missiles balistiques qui nous menace jusqu’en Europe, un régime sans lequel le Hamas, le Hezbollah et les Houthis n’existeraient pas sous cette forme.
C’est pourquoi nous avons toujours dit sans équivoque :
Premièrement, l’Iran ne devra jamais posséder d’armes nucléaires. Il doit mettre un terme à sa déstabilisation ciblée de la région par l’intermédiaire d’acteurs alliés non étatiques.
Deuxièmement, Israël a le droit de se défendre et de protéger sa population. Je vais être clair : à supposer qu’Israël et les États-Unis soient parvenus à retarder massivement le programme nucléaire iranien, cela rend Israël et son voisinage plus sûrs.
Troisièmement, en ce moment précis, après qu’on est parvenu depuis mardi à instaurer un cessez-le-feu respecté jusqu’ici, notre priorité est le retour à la diplomatie, car le conflit avec l’Iran ne doit pas plonger toute la région dans une crise.
Nous devons veiller à long terme à ce que l’Iran ne puisse pas poursuivre son programme nucléaire. Le gouvernement fédéral – moi de même – y avons travaillé intensivement ces derniers jours dans le cadre d’une diplomatie de crise permanente.
C’est pour cela que je me suis rendu à Genève vendredi dernier, en compagnie de la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Kaja Kallas et de mes homologues français et britannique, pour y rencontrer le chef de la diplomatie iranienne. Auparavant, nous avions naturellement bien réfléchi à l’utilité d’ouvrir ce canal direct avec l’Iran, l’envoyé spécial des États-Unis ayant tenté lui aussi d’engager et de maintenir un tel dialogue.
Comme nous venons de le réaffirmer ensemble en marge du sommet de l’OTAN, nous étions et sommes convaincus que cet engagement pour parvenir à terme à une solution diplomatique en vaut la peine. Et nous poursuivons dans cette voie justement maintenant que la situation a changé.
Car sans accords robustes permettant de freiner durablement le programme iranien, même l’opération militaire la plus réussie ne peut apporter à Israël de sécurité durable.
Après l’échange d’hostilités entre Israël et l’Iran et l’intervention des États-Unis, nous nous trouvons dans une situation nouvelle. Des canaux de dialogue, voilà ce dont nous avons besoin maintenant.
J’ai donc dit très clairement à Téhéran : négociez avec les États-Unis ! Négociez avec nous, les pays du E3 ! Et faites rapidement des propositions crédibles pour sortir de cette situation dangereuse ! C’est aujourd’hui la voie à suivre pour sortir du conflit.
Par ailleurs, j’ai intensifié la diplomatie de crise avec nos partenaires du Golfe. Ces pays savent combien une nouvelle escalade du conflit serait à coup sûr dangereuse, le Qatar en particulier qui a réagi avec beaucoup de modération après la frappe militaire iranienne et qui bénéficie de notre entière solidarité. Nombre de ces partenaires craignent que l’influence de l’Iran sur ses « mandataires » soit encore loin d’être terminée et qu’elle cause de nouveaux dommages, que la région demeure d’une instabilité qui puisse même aller jusqu’à une course aux armements nucléaires s’étendant à tout le Proche-Orient.
Cette logique, chères et chers collègues, peut être rompue maintenant sur la base de la nouvelle situation, et c’est la raison pour laquelle nous devons continuer d’œuvrer à une solution négociée.
Une solution qui limite durablement le programme nucléaire iranien et apporte une stabilité à long terme au Proche-Orient, qui contrôle efficacement le programme de missiles balistiques, qui mette un terme à la mobilisation de l’Iran pour son « Axe de la Résistance » et qui implique que l’Iran renonce à son objectif public insupportable, à savoir détruire Israël.
L’Iran doit savoir que c'est la seule et unique possibilité de trouver une place pacifique dans la région.
Je suis très reconnaissant au chancelier fédéral d’avoir été clair sur ce point et dans cette crise.
Mes chères et chers collègues, nous ne devons pas oublier que des compatriotes allemands en Israël et en Iran sont également touchés par les hostilités. En Allemagne, beaucoup s’inquiètent pour des amis ou des membres de leur famille qui s’y trouvent.
Avec notre équipe de crise au sein du ministère fédéral des Affaires étrangères et les ambassades d’Allemagne dans la région, nous travaillons d’arrache-pied pour soutenir ces personnes : en faisant partir d’Israël des avions spéciaux ou en envoyant dans des postes frontières entre l’Iran et l’Arménie et l’Azerbaïdjan du personnel des ambassades pour aider les ressortissants allemands à passer la frontière. Notre diplomatie de crise, c’est aussi cela.
Je voudrais en profiter pour remercier très sincèrement tous mes collègues du ministère des Affaires étrangères et des ministères de l’Intérieur et de la Défense, ainsi que les militaires de la Bundeswehr qui ont fait preuve d’un grand professionnalisme dans l’accomplissement de leur dangereuse mission, et surtout d’un grand dévouement, et ce, au péril de leur vie.
Nous sommes très reconnaissants à tous les membres des différentes institutions et nous les remercions de leur engagement au service de la République fédérale d’Allemagne et de nos compatriotes.
Mes chères et chers collègues, le gouvernement fédéral continuera de tout mettre en œuvre pour que ce conflit cesse, pour que la menace nucléaire émanant d’Iran disparaisse et pour que nous parvenions à une solution par la voie de la négociation.
Je vous remercie de votre attention.