Nous ne parviendrons pas à la paix en Europe si nous occultons la réalité. Nous n’atteindrons la paix qu’avec une Ukraine forte et libre dans une Europe forte, sans quoi Poutine étendra sa guerre, la déployant aussi jusque chez nous. Et nous ne savons actuellement pas si nous pouvons encore compter sur nos amis américains pour nous défendre.

C’est pourquoi nous, les Européennes et les Européens, devons pouvoir assurer notre propre sécurité et continuer d’accroître notre capacité de dissuasion européenne, avec tous les moyens dont nous disposons. Car nous ne devons pas sous‑estimer l’impérialisme agressif de Poutine : si l’Europe est faible, les troupes de Poutine seront plus vite dans les pays baltes ou chez notre voisin, la Pologne, que nous ne voulons l’imaginer aujourd’hui.

La défense de l’Europe ne réussira que si nous la façonnons avec ambition et courage. Au vu du tournant historique auquel nous sommes confrontés, des investissements d’une ampleur sans précédent s’imposent. Lors de la pandémie de Covid‑19, nous avons vu de quoi l’Europe était capable quand il était littéralement question de vie ou de mort ; ces efforts communs, nous en avons également besoin maintenant. Aussi l’assouplissement du Pacte de stabilité et de croissance de l’UE constituerait‑il une étape importante pour que les États membres puissent continuer d’augmenter leurs dépenses nationales en matière de défense. Toutefois, pour certains États, notamment ceux qui sont déjà fortement endettés et qui ont une faible marge de manœuvre financière dans leur budget, cela ne suffira pas. C’est pourquoi nous avons besoin d’un Fonds européen de la défense qui soit à la hauteur des défis. Nous devons par ailleurs œuvrer de toute urgence pour que notre acquisition conjointe dans le domaine de la défense soit encore plus stratégique, et nous devons vite renforcer davantage les liens de l’industrie européenne de la défense pour que chaque pays contribue grâce à sa puissance nationale caractéristique.

Seule une Europe forte et surtout sûre d’elle‑même sera en mesure de s’affirmer dans ce nouveau monde. À Washington, le président français a ainsi non seulement clairement fait valoir nos intérêts européens, mais il a aussi explicitement souligné que nous, les Européens, apportons une contribution déterminante à notre sécurité transatlantique commune et que nous n’hésiterons pas à l’accroître autant que possible.