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« Nous soutenons le chemin de la Serbie et des pays des Balkans occidentaux vers l’Union européenne »
Le secrétaire d’État Miguel Berger est actuellement en visite dans les Balkans occidentaux. À cette occasion, il a eu un entretien avec le journal serbe Blic.
Question : Pensez‑vous qu’un accord entre Aleksandar Vucic et Albin Kurti soit possible dans un avenir proche ? J’entends par là l’année 2021 ou éventuellement l’année 2022.
Miguel Berger : Ce qui importe, c’est que les deux parties fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour trouver des solutions bonnes et durables. Pour nous, cela signifie qu’un accord global et juridiquement contraignant soit négocié, même si cela devait encore prendre un peu de temps. Une solution doit au final également être mise en œuvre, et pour cela, il est nécessaire de gagner l’assentiment de la population.
Un tel accord doit permettre aux deux pays de réaliser la perspective d’adhésion à l’UE. Cela contribuerait de manière significative à ce que la région entière devienne plus stable. Il n’en reste pas moins que ce qui a été décidé jusqu’à présent doit être respecté. Cela vaut pour les deux côtés. L’Allemagne mettra tout en œuvre pour appuyer ce dialogue et pour aider les deux parties à trouver une bonne solution.
Question : L’Allemagne, tout comme la France et les Pays‑Bas, s’oppose catégoriquement à l’élargissement de l’Union européenne. D’un autre côté, les attentes vis‑à‑vis de la Serbie, mais aussi d’autres pays candidats, sont élevées. C’est démoralisant. Cette situation peut‑elle changer ?
Miguel Berger : Il me semble qu’il s’agit d’un malentendu : l’Allemagne s’engage pour une perspective d’adhésion de la Serbie et des autres pays des Balkans occidentaux à l’UE ; cette position ne fait pas l’ombre d’un doute.
Mais les conditions nécessaires à cet effet doivent être remplies, c’est évident. Les réformes dans différents domaines de l’État de droit profitent avant tout aux citoyens. Lorsque des blocages politiques apparaissent, cela suscite la déception, ce qui est compréhensible. C’est pour cette raison que nous espérons réussir à dissiper les doutes de la Bulgarie sur l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord.
C’est justement parce que nous voulons insuffler plus d’élan au processus d’adhésion que nous nous félicitons que la Serbie ait opté pour la nouvelle méthodologie d’élargissement. Ce faisant, la vitesse des négociations et les progrès sont largement pilotés par la Serbie elle‑même : plus les réformes dans le domaine de l’État de droit, de la justice, de la liberté et de l’indépendance des médias, et de la lutte contre la corruption et la criminalité organisée avancent rapidement, plus les négociations d’adhésion progresseront elles aussi. L’annonce du gouvernement serbe de mettre en œuvre la réforme de la justice d’ici à la fin de l’année nous donne des raisons d’être optimistes.
Question : Quel jugement portez‑vous sur les relations entre la Serbie et l’Allemagne aujourd’hui ?
Miguel Berger : Nos relations sont étroites et multiples, y compris au niveau politique. En dépit des restrictions liées au coronavirus, nous poursuivons nos nombreux échanges et avons renforcé encore davantage le lien entre Berlin et Belgrade. Au mois de mars, le ministre fédéral des Affaires étrangères Heiko Maas a accueilli son homologue Nikola Selaković à Berlin et inauguré peu de temps après, en avril, la nouvelle ambassade d’Allemagne à Belgrade. Le président du parlement, M. Dacic, s’est récemment rendu à Berlin. Dans le cadre du processus de Berlin visant à promouvoir la coopération régionale dans les Balkans occidentaux, qui s’est tenu début juillet à l’invitation de la chancelière Angela Merkel, nous avons également coopéré cette année de manière intense dans de nombreux formats jusqu’à la tenue du sommet.
Par ailleurs, nos pays sont très étroitement liés à travers les nombreux contacts humains, familiaux et privés. Cela se manifeste notamment dans des échanges économiques très importants : plus de 70 000 emplois ont été créés par des entrepreneurs allemands en Serbie.
Question : Durant les trois prochains jours, vous vous entretiendrez avec le président de la Serbie, avec la première ministre, avec le ministre des Affaires étrangères... Quel message allez‑vous faire passer ?
Miguel Berger : Je remercierai la Serbie pour les témoignages de compassion que nous avons reçus après les inondations catastrophiques en Allemagne. En 2014, nous avions apporté notre soutien à la Serbie au lendemain des crues lourdes de conséquences. Maintenant, c’est nous, Allemands, qui vivons une énorme vague de solidarité et d’entraide, y compris en provenance de la Serbie.
Je profiterai également de ma visite pour assurer à la Serbie que l’Allemagne est un ami et un partenaire proche et fiable. Cela vaut précisément pour les négociations d’adhésion à l’UE. Nous soutenons le chemin de la Serbie et des pays des Balkans occidentaux vers l’Union européenne.
Question : Si vous jetez aujourd’hui un regard rétrospectif sur les dix‑huit derniers mois et sur tout ce que le monde a vécu en raison du coronavirus, comment voyez‑vous cette période ? Pensez‑vous que cette lutte touche à sa fin et que nous avons tiré les leçons de cette crise ?
Miguel Berger : Le coronavirus a mis nos politiques, mais aussi nos sociétés face à un défi colossal. Nous avons vécu ces dix‑huit derniers mois un degré élevé de solidarité et de coopération internationales – entre les États, mais aussi au sein de la société. Nous avons appris que seule une coopération internationale nous permet de relever de tels défis. La pandémie de coronavirus souligne également à quel point nous sommes capables d’agir rapidement et de trouver des solutions rapides. Qui aurait pensé, il y a un an, que nous aurions aujourd’hui des vaccins fiables contre la Covid‑19 et que notre campagne de vaccination aurait fait autant de progrès, en Allemagne et en Serbie ?
Il est essentiel que nous ne relâchions pas nos efforts. Malgré les progrès qui ont été réalisés en termes de vaccination en Europe, le coronavirus n’est pas encore vaincu. Nous bénéficierons uniquement de davantage de sécurité et de protection face à de nouveaux variants si nous parvenons à vacciner le monde entier. Il est important que nous vaccinions le plus grand nombre de personnes possible dans nos pays afin de disposer de la meilleure protection possible.