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Le Pape et la politique étrangère : Berlin et le Vatican fêtent 100 ans de relations diplomatiques

Le ministre fédéral des Affaires étrangères Heiko Maas rencontre le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, © Janine Schmitz/photothek.de
En fait, la date de cet anniversaire tombait en 2020 mais le rendez‑vous a dû être reporté à cause de la pandémie : à l’occasion du 100e anniversaire des relations diplomatiques entre l’Allemagne et le Saint‑Siège, le chef de la diplomatie a reçu le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin.
Au mois de mai, le pape François avait déjà reçu Heiko Maas en audience privée au Vatican. En compagnie du cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, le ministre fédéral des Affaires étrangères a participé aujourd’hui au symposium interdisciplinaire « Rom in Berlin » (« Rome à Berlin ») organisé par la Nonciature apostolique en collaboration avec le nouvel institut central de théologie catholique de l’Université Humboldt à l’occasion de ce 100e anniversaire. Avant le début du symposium, Heiko Maas a rencontré le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, qui exerce de fait la fonction de chef du gouvernement du Saint‑Siège, pour un entretien sur des sujets internationaux et autour de l’Église.
Un engagement commun en faveur de l’aide humanitaire, de la paix et de la protection du climat

L'Allemagne et le Saint‑Siège partagent le même engagement en matière de politique étrangère dans un grand nombre de domaines tels que l’aide humanitaire, la politique de paix et la lutte contre le changement climatique. Le Saint‑Siège et des organisations catholiques comme Sant’Egidio ont obtenu de bons résultats en tant qu’intermédiaires dans nombre de conflits armés, notamment au Mozambique ou en Colombie. Des organisations comme Malteser International ou Caritas fournissent un travail important dans le domaine de l’aide humanitaire. Lors du symposium d’aujourd’hui, le chef de la diplomatie allemande a déclaré :
Ce sont souvent des organisations catholiques comme Caritas, Malteser ou Misereor qui soulagent la détresse humanitaire et créent des opportunités de développement. La pandémie nous a démontré une fois de plus dans toute son ampleur dramatique la grande responsabilité endossée par l’Église à cet égard, parfois pour les systèmes de santé de pays tout entiers.
Avec le pape François, l’Argentin Jorge Bergoglio, c’est par ailleurs pour la première fois un représentant des pays du Sud qui est à la tête de l’Église catholique. Il considère la justice sociale, un ordre économique mondial humain, l’accès à l’éducation et à la santé, la sauvegarde de la Création, la protection des minorités et le dialogue interreligieux comme des missions prioritaires. Ces thèmes offrent de nombreux points communs pour un échange approfondi avec le Saint‑Siège.
Le Saint‑Siège, acteur diplomatique
Le Saint‑Siège entretient des relations diplomatiques avec 183 pays du monde, il a le statut d’observateur aux Nations Unies et il est membre de nombreux traités et conventions internationaux. Le Saint‑Siège est incarné par le Pape en tant que chef de l’Église catholique. Il ne faut pas confondre avec le Vatican, qui est un micro‑État autonome créé seulement en 1929 par les Accords du Latran conclus entre l’Italie et le Saint‑Siège après la fin des États pontificaux en 1870 avec l’annexion de Rome au Royaume d’Italie.
Grâce aux structures religieuses, aux Églises locales et aux ordres, le Saint‑Siège dispose, en dépit de son appareil diplomatique assez modeste, d’informations et de contacts complets et en partie exclusifs notamment en rapport avec les pays catholiques d’Amérique latine et de l’Afrique subsaharienne. Les nonces, qui sont à la fois les représentants diplomatiques du Saint‑Siège et les représentants religieux du Pape vis‑à‑vis des évêques du pays d’accueil, jouent un rôle central à cet égard. En Allemagne et dans beaucoup d’autres pays, le nonce est traditionnellement le doyen du Corps diplomatique dans le pays d’accueil, en d’autres termes une sorte de « président d’honneur ». Monseigneur Nikola Eterović, d’origine croate, exerce depuis 2013 ces fonctions en Allemagne.
L’Allemagne et le Saint‑Siège entretiennent des relations diplomatiques depuis juin 1920. Le Saint‑Siège a été le premier sujet de droit international avec lequel la République de Weimar a établi des relations officielles. Auparavant, ces relations n’existaient qu’au niveau des Länder, par exemple la Bavière ou la Prusse. Les relations entre la République fédérale d’Allemagne et l’Église catholique sont par ailleurs régies par le concordat du Reich conclu en 1933, toujours en vigueur à l’heure actuelle et qui réglemente notamment les questions liées à l’exercice du culte, à la gestion du patrimoine, à l’éducation ou à l’aumônerie militaire. En Allemagne, le Saint‑Siège est représenté par la Nonciature apostolique. C’est là, dans la Lilienthalstrasse à Berlin, que se tenait le symposium d’aujourd’hui.
Heiko Maas a par ailleurs déclaré :
Lorsqu’il a fallu, après le déménagement du gouvernement à Berlin, trouver un endroit approprié pour la nouvelle représentation, le Saint‑Siège a délibérément renoncé à l’ancien terrain qu’il possédait dans le quartier des ambassades au Tiergarten pour venir s’installer ici, dans le quartier de Neukölln. Au cœur de la vie. Là où se rencontrent chaque jour riches et pauvres, différentes cultures et religions. Le fait qu’un bout de Rome ait vu le jour précisément dans ce quartier de Berlin a presque quelque chose de prophétique si l’on considère le pontificat du pape François et sa conception d’une Église littéralement pleine de passion et de compassion.