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L’OTAN : « nous visons à nouveau le même but »
Interview accordée par Heiko Maas, ministre fédéral des Affaires étrangères, au quotidien Saarbrücker Zeitung au sujet des sommets du G7 et de l’OTAN
Question : Monsieur le Ministre, la Chine constitue le nouveau défi pour l’OTAN. Quel danger représente-t-elle ?
Heiko Maas : Notre relation avec la Chine est de triple nature, ce pays étant à la fois un partenaire, un concurrent et un rival systémique. Nous constatons malheureusement que la rivalité – en raison de l’attitude de la Chine – occupe une place de plus en plus importante. Il nous faut réagir. Par exemple en nous préoccupant, en tant que nations du G7, de la manière dont la Chine use de son pouvoir économique pour étendre son influence géopolitique dans le monde. À cela nous opposons notre initiative sur les infrastructures.
Question : Les signaux émis par le sommet à l’endroit de Pékin sont-ils suffisamment clairs ?
Heiko Maas : Au cours de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, nous avions déjà proclamé clairement ceci : nous ne partageons pas seulement les mêmes intérêts, mais aussi les mêmes valeurs, à savoir les droits de l’homme, la démocratie, la liberté de la presse. Or c’est en nous montrant unis que nous pouvons au mieux défendre à la fois ces intérêts et ces valeurs. Cela dépasse, bien entendu, largement le cadre de l’OTAN, mais là aussi il est vrai qu’il est essentiel que nous agissions à nouveau tous ensemble en faveur d’un ordre international fondé sur des règles.
Question : Il y a de l’autre côté une Russie qui devient plus agressive. Le vieux principe de la dissuasion reprend-il de l’importance ?
Heiko Maas : Je ne réduirais pas les thèmes du sommet à la Chine et à la Russie. Il s’agit pour nous d’assurer de manière générale la viabilité de l’OTAN. Pour ce faire, nous devons tenir encore davantage compte des questions de sécurité comme le climat ou les cyberquestions. Cependant, il est évident que l’évolution actuelle de la situation en Russie, de même qu’aux frontières russes, m’inquiète beaucoup. De ce fait, les missions clés de l’OTAN en tant qu’alliance de défense restent importantes, c’est un engagement envers nos alliés et partenaires européens qu’il nous faut tenir. Néanmoins, nous devons poursuivre le dialogue avec la Russie. Ce ne sont pas pour moi des paroles creuses mais cela reflète une conviction fondamentale concernant la politique étrangère et de sécurité.
Question : La question financière reste un autre chantier de l’OTAN. L’Union demeure attachée à l’objectif des deux pour cent. Qu’en pensez-vous ?
Heiko Maas : Franchement, je ne vois pas en quoi on peut parler de chantier. Je dirais plutôt que c’est l’ancien président américain qui, en sortant le gros matériel, a laissé au sein de l’OTAN certains dégâts sur son passage. L’Allemagne reste fidèle aux décisions prises en commun. Il s’agit en fin de compte pour nous d’assurer la viabilité de l’OTAN. Depuis 2014, l’Allemagne a pratiquement doublé ses dépenses de défense. Et ce, afin de mieux équiper nos soldats et non de nous livrer à une course aux armements.
Question : Comment décririez-vous l’état actuel de l’OTAN au lendemain du sommet ?
Heiko Maas : Le communiqué du sommet commence par une phrase qui énonce notre intention d’ouvrir un nouveau chapitre des relations transatlantiques. C’est là un message important et central. Il n’y a pas si longtemps encore, l’OTAN n’était pas dans un état optimal. Ou pour reprendre la langue du foot en cette période du Championnat d’Europe : nous visons à nouveau le même but. Et ce sommet donnera à notre jeu un nouvel élan.
Propos recueillis par Hagen Strauss
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