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« On cherche simplement à semer la panique »

30.11.2018 - Interview

Entretien accordé par le ministre fédéral des Affaires étrangères Heiko Maas au journal Saarbrücker Zeitung. Il s’y exprime à propos du débat du Bundestag consacré aujourd’hui au pacte mondial sur les migrations des Nations Unies.

Monsieur le Ministre, en quoi un pacte mondial sur les migrations est-il nécessaire ?
Que nous le voulions ou non, les migrations sont une réalité. On ne peut se contenter de balayer ce fait d’un revers de main. Il nous faut, au contraire, contrôler activement ces flux et y mettre davantage d’ordre. C’est précisément le but que s’est fixé le pacte sur les migrations. Pour y parvenir, nous devons toutefois agir de concert. Les migrations sont un défi mondial qui appelle une réponse commune des acteurs de la scène internationale.

Ce pacte suscite de vives critiques. Peut-être n’avez-vous pas, en votre qualité de ministre des Affaires étrangères, suffisamment défendu ce texte ?
Au contraire. Nous avons cherché très tôt à intéresser le public à cette question, notamment via les médias sociaux ou au sein du Bundestag. Le pacte sur les migrations a cependant été peu évoqué dans l’opinion parce que l’opportunité de cette approche faisait consensus. Il a fallu une vague de désinformation et d’attaques à l’extrême droite visant à effrayer la population pour que l’on s’empare enfin de ce sujet.

Mais à quoi bon un pacte s’il n’est pas juridiquement contraignant ?
Ce pacte est une déclaration d’intention politique soutenue par la grande majorité des États membres des Nations Unies. C’est un signal fort. Nous nous sommes entendus au niveau international sur le respect de certaines normes dans un contexte de migrations. Nous disposons ainsi d’une base à notre usage pour nos rapports avec l’ensemble des autres États, qui nous permettra d’aborder nos attentes envers eux – par exemple pour ce qui concerne la coopération en matière de reconduites.

La crainte est que cet accord n’oblige à ouvrir la porte à une migration incontrôlée. Contestez-vous l’existence de ce risque ?
Bien sûr. On cherche simplement à semer la panique. Voici ce que nous voulons accomplir : éviter le chaos, endiguer la migration irrégulière, faciliter les reconduites, sécuriser les frontières et nous attaquer aux causes de départ dans les pays d’origine. Ces objectifs figurent en toutes lettres dans le pacte.

Vous garantissez donc que le pacte sur les migrations des Nations Unies ne créera pas de nouveaux motifs d’accueil ?
Tout à fait. Dès le préambule, la souveraineté des États est réaffirmée de manière explicite. La fixation des conditions auxquelles un migrant pourra entrer dans un autre pays ne reviendra pas au pacte sur les migrations, mais à l’État concerné lui-même.

Quelles seront alors les conséquences pratiques de ce pacte en Allemagne ?
Dans ce débat tendu, il faut aussi parfois dire les choses franchement : dans l’immédiat, ces conséquences resteront limitées. Nous visons plutôt un effet sur le long terme. Le pacte sur les migrations s’est donné pour objectif d’aligner entre elles les normes de tous les pays. Cela signifie d’abord que nombre d’États devront relever leurs propres normes. S’ils s’y tiennent – et ils s’y sont engagés politiquement avec le pacte sur les migrations –, à terme la pression migratoire sur notre pays devrait sensiblement se relâcher.

Propos recueillis par : Hagen Strauss
www.saarbruecker-zeitung.de

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